Carnet de terrain

Portrait automnal de la biodiversité et de la contamination des sites d’ancrage de l’estuaire fluvial et moyen du Saint-Laurent
Blogue: Franchir les frontières – 21 septembre 2022
Blogue: Quêtes de la vision – 22 septembre 2022
Blogue: Benthique et pélagique – 23 septembre 2022
Carnet de bord – 23 septembre 2022
Compte rendu scientifique – 23 septembre 2022
Blogue: Captatio – 24 septembre 2022
Carnet de bord – 24 septembre 2022
Carnet de bord – 25 septembre 2022
Carnet de bord – 26 septembre 2022
Blogue – 27 septembre 2022
Photos: Prise inattendue – 29 septembre 2022


Franchir les frontières

Blogue | 21 septembre 2022 | par Damiano Tavazzi

Première journée avant la mobilisation. Préparation et transport du matériel pour la mission sur le Lampsillis qui débute officiellement demain, le 22 septembre 2022. Une rencontre intersectorielle l’après-midi à Québec. Mais aussi des réveils qui sonnent tôt. Des visages encore lisses, proches du sommeil. On se lève à 6 voire 5 heures du matin pour préparer les derniers détails. Une journée pleine de rencontres, d’échanges de prénoms, de domaines, de spécialisations. Le calme d’une boulangerie où le serveur prend tout son temps pour chauffer deux sandwichs au poulet curry, on se dit que ça contraste avec la frénésie des préparatifs. Enfin, une plaque de chocolat, noir, foncé, certains froncent les sourcils, car ils préfèrent le chocolat au lait, une plaque qui passe de main en main pendant que chacun parle de ce qu’il vient faire ici. Le goût du chocolat, acre, sombre, presque un peu pâteux qui fond sur les langues qui se délient. Une table de restaurant en similibois, défoncée par toutes les IPA bues dans ce restaurant à la musique pop, smooth, jazzy, on ne sait pas trop.

Débuter. Se rencontrer. Échanger. Partager. Des contrastes. Ces mots déjà amènent le noyau des impressions de la journée. Ce noyau, c’est la frontière. En jazz, on dit qu’il faut connaître les accords pour pouvoir improviser. Connaître les règles pour pouvoir franchir les limites. On dirait que ce début c’est ça. Délimiter le contour encore flou des silhouettes. Toutes sortes de silhouettes. On se demande comment on s’appelle. On entend les différents accents, autant d’indices encore flous sur les provenances. On délimite aussi les différents savoirs. Le zooplancton se déplace uniquement verticalement, les déplacements horizontaux se font au gré des courants. Le Saint-Laurent, ce n’est pas juste le fleuve. C’est un parcours. Fleuve, estuaire fluvial, moyen et enfin maritime. L’estuaire moyen, comme zone de transition. Différents types de contaminants, les métaux et les contaminants émergents, ceux qu’on n’a jamais étudié jusque-là ou ceux qui viennent d’apparaître. Des mots nouveaux, exotiques encore. D’un côté, on apprend, la neige marine, le benthos, la turbidité, l’anoxie. De l’autre, on entend le carnet, l’essai, la polymathie. Le soir, au détour d’une conversation, on apprend que l’incompréhension est réciproque. On ne connaît pas les mots de l’autre, sa manière de penser, sa méthodologie, ce qui semble si évident.

Une certitude. On aurait pu lire sur tous ces termes, on aurait pu se renseigner. Mais on ne l’aurait pas fait. Dans notre monde où semble régner la transmission écrite, verba volant, scripta manent, on est convaincu que le savoir, le vrai, celui qui imprègne, bouge, circule le plus, passe par la parole et par les histoires qu’on se raconte. Homo fabulans. Et pour raconter, il faut être au moins deux. Le groupe, la communauté comme devoir. Pour comprendre, pour savoir, il faut aller vers l’autre, se décentrer, se mettre en moins pour écouter. Pour avancer sur la voie du savoir, on doit se communiser.

Se communiser, ça implique ne pas comprendre. Ça implique des mots nouveaux, ou une nouvelle utilisation des mots qu’on connaissait déjà, un rapport naïf au travail des autres. Cet après-midi, on a parlé de l’importance de la diffusion des connaissances. Comment transmettre des connaissances scientifiques aux autres ? Comment parler de littérature ? À la foule, aux non-initiés, aux politiciens ? La réponse est évidente. Par la rencontre. Et se rencontrer, ça implique de danser sur une frontière, celle entre l’autre et le soi. On repense à une splendide métaphore de l’après-midi. Dans le domaine marin, on ne voit rien de nos propres yeux. C’est comme se promener en forêt avec un bandeau. On a besoin de toutes sortes d’instruments pour mieux voir, de machines. On pensait naïvement qu’en sciences naturelles, contrairement aux sciences de l’esprit, on avait un rapport aux sens. Un arbre on le voit, on le sent, on le touche. Ce n’est pas le cas d’une pensée. Ou peut-être si ? Une idée ça s’entend en fait aussi, ça se lit avec les yeux. Les humanités sont peut-être plus incarnées que ce qu’on pensait, la frontière pas aussi nette que ce qu’on envisageait.

Mais à la fois, une idée, un texte, ça reste plus difficile de délimiter. Un exemple nous étonne, on entend beaucoup de chiffres associés aux coûts, dus au matériel utilisé. Un séjour de recherche scientifique sur le bateau, c’est au moins 15 000 dollars par jour. Au moins, probablement plus. Beaucoup plus. D’autres exemples, telle manipulation coûte tel ou tel montant. De notre côté, on ne s’est jamais posé la question. Mais combien coûte un poème ? Combien coûte une pensée, une analyse de texte ? Est-ce seulement possible à quantifier ?

En tout cas, assis dans le camion, jetant de temps à autre des coups d’œil aux arbres qui bordent l’autoroute, bercé par les cahots qui ont rythmé cette écriture, la lumière grise d’un gris bleuté dans le ciel, on retourne à l’idée de rencontre. Pour savoir, pour comprendre, il faut rencontrer l’autre, aller vers lui, délimiter la frontière et la franchir. Suivre le même chemin que l’eau, du fleuve au golfe. La frontière, c’est comme l’estuaire moyen, une zone de transition.


Quêtes de la vision

Blogue | 22 septembre 2022 | par Damiano Tavazzi

Lors d’une mission scientifique sur un bateau, qu’on pense seulement à tout ce dont on a besoin pour voir, pour comprendre le monde qui nous entoure, en occurrence, la diversité automnale des sites d’ancrage du St-Laurent entre Trois-Rivières et Cacouna. En comparaison, les humanités semblent demander peu de choses. Des livres, un peu de chaleur, un ventre bien nourri, de quoi écrire et on peut aller loin. Les sciences naturelles c’est une autre affaire. Tellement de quêtes différentes pour atteindre une étincelle de vision.

Ça prend un petit-déjeuner à 6h30 du matin dans un Comfort Inn de Trois-Rivières. On a peu dormi. Le soir, il restait des courriels à répondre, des appels à faire, des dossiers à consulter. Mais les visages étaient étonnamment frais, pas de traits tirés ou de visages gourds de sommeil. Autour des deux tables carrées du petit-déjeuner, au détour d’une assiette de gaufres fraîches nappées de sirop d’érable, on remarque une montre connectée au bracelet bleu ciel. Le succès de la mission dépend d’une communication immédiate, incessante. On se demande comment ils faisaient avant ? Lorsque Magellan a été le premier à traverser le Pacifique ? Lorsque Jacques Cartier a découvert le Canada ? Est-ce que la notion de stress existait déjà à l’époque ou est-ce spécifiquement moderne ? Et comment on faisait pour communiquer ?

Ça prend des explications au moment de l’embarquement. Proue, poupe. Structure d’un catamaran. Timonier. Bottes à cap d’acier pour ne pas se faire écraser les pieds lors des manipulations. Les différentes couleurs des casques de l’équipage. Jaune pour le membre lambda. Blanc pour les chefs. On a oublié la signification des casques rouges. On note aussi un casque bleu, s’amuse sur l’éventualité d’amener de la paix sur le bateau ?

Ça prend différents sentiments. De l’appréhension, un questionnement intérieur. Va-t-on vomir durant les sept heures que vont durer le trajet jusqu’à Québec ? Ça va-tu brasser ? De l’étonnement, le bateau est plus petit que ce qu’on s’était imaginé en survolant la maquette 3D virtuelle.

Ça prend un espace exigu, le bateau comme huis-clos. Le pont, un laboratoire sec, un laboratoire humide, 1 toilette avec douche, 1 cuisine, 1 salle à manger et 2 chambres. On dort dans des hôtels le soir justement car il n’y a pas assez de lits.

Ça donne l’impression d’être dans une ruche. Chaque personne s’affaire, parfois avec les autres, parfois seule, pour contribuer au succès commun de la mission. Les différentes équipes scientifiques, la team benthos, la team eau, la team poissons. Les matelots. Les techniciens. Le cook. Le capitaine. On a créé un système complexe où chaque personne est une abeille qui œuvre pour le collectif. On repense à la notion de devoir. La communauté du bateau, la communauté scientifique, y entrer, ça implique de se donner aux autres, de devoir quelque chose aux autres. Ça implique des questions. Quel est le rôle exact de la littérature ? Rapporter les faits ? Tenir un journal de bord ? Collecter du matériau pour la création artistique ?

Ça prend de la bouffe. Le matin, une odeur de gratin qui chatouille les narines dans le laboratoire humide. Au dîner, une soupe aux lentilles, du pâté au poulet, de la salade verte, une salade de concombre, une salade de pâtes, des boulettes sucrées, du riz, des biscuits roulés, du café. On n’aurait pas pensé manger si bien sur ce bateau de recherche.

Ça prend une discussion avec le cuisinier. « T’as-tu des allergies ? » On répond par la négative et rigole sur l’exclamation qui vient en retour. « Beau travail ! » On en apprend sur les difficultés en cuisine. Il y a peu de place, très peu d’eau potable et des esti d’ustensiles en plastique. Aussi, sur les petits bateaux de recherche, ça brasse beaucoup. En 10 ans sur des cargos, on a été malade deux fois. En 4 mois sur des petits bateaux de recherche, on a été mal deux fois.

Ça prend des bribes d’explications scientifiques. Un niskin, c’est une bombonne qui capture de l’eau à une profondeur donnée pour la ramener sur le bateau. Ça permet de connaître la composition de l’eau aux différentes profondeurs. La station de filtrage c’est pour filtrer des matières solides, des bactéries ou encore la chlorophylle qui donnera des informations sur les algues. Sur le bateau, il n’y a pas de microscope car les vibrations empêcheraient de bien voir et nuiraient à la qualité des données. Par contre, on a une loupe binoculaire.

Ça prend une proximité. L’expression On est tous sur le même bateau prend tout son sens. Le huis-clos comme espace propice à la création, à la réflexion. On se sent sur le chemin les uns des autres, on se heurte, on se bouscule, on se cogne. Dans les études littéraires, la proximité se fait plus par les idées que par les corps. Ici, pognés ensemble sur un bateau, le corps prend une place vitale, essentielle.

Ça prend un amour du terrain, de l’action, de l’adrénaline. Être biologiste, ça permet ces fameux mots qu’on entend partout à Rimouski depuis plus d’un an. Être sur le terrain. Faire du terrain. Souvent, les frontières dans les sciences naturelles semblent plus nettes. On fait du terrain, on échantillonne, on fait du labo, on écrit un article. Dans les sciences humaines, les frontières semblent plus poreuses. En création, notre terrain c’est la vie. Tout est terrain, sujet possible d’émerveillement pour un texte.

Ça prend un rapport au temps. Sur le bateau, dans les dialogues, tout va vite. Le temps est minuté, sectionné vers l’efficacité. Le temps s’accélère, l’adrénaline coule dans les veines. Pour écrire, c’est le contraire. Le temps ralentit. On se rappelle un texte de Christophe Pradeau, Le roman a le temps, avec l’idée que la principale capacité du roman, c’est d’étirer le temps de la vie. Que la poésie, elle, sublime un moment du quotidien par la forme, qu’elle suspend le temps du quotidien. Ces deux domaines semblent antithétiques. En océanographie, le temps accélère, se mesure à la seconde près. En littérature, le temps ralentit, s’étire.

Ça prend des moments loufoques. Cinq hurluberlus en train de nettoyer les inscriptions de 500 éprouvettes en plastique avec de l’essuie-tout et de l’éthanol. L’odeur de l’éthanol qui pique les narines, le toucher aseptisé des gants bleus. On se rappelle les Noëls de l’enfance où sa grand-mère nettoyait l’argenterie.

Pour rapporter tout ça, peut-être que ça prend la littérature, cet art-pont, qui se concentre sur l’entièreté du réel. On se rappelle un texte de Philippe Forest, Le roman, le réel. La littérature comme art qui essaye de capter le réel, tout en sachant que c’est impossible de tout prendre en compte, tout noter. Mais on peut essayer, on peut bâtir des ponts et au final, apprendre qu’en océanographie comme en littérature, on a des préoccupations communes. On l’a évoqué dans une discussion de l’après-midi. Une partie de la tablée discutait du plan des stations, on voyait des doigts pianoter sur un IPhone à la coque violette et en aparté, on parlait des effets que les bruits humains peuvent avoir sur la végétation et sur les poissons, sachant que les bruits se déplacent plus vite sous l’eau et que les poissons y sont très sensibles. Une phrase saisie au vol et qui nous rassemble. Pour savoir ce qu’on va chercher, on est juste limités par notre imagination.


Benthique et pélagique

Blogue | 23 septembre 2022 | par Damiano Tavazzi

Le benthos, c’est tout ce qui reste au fond de la mer, d’une rivière, d’un cours d’eau, d’un lac. Du grec ancien, benqos (benthos), « profondeur ». Les espèces pélagiques, c’est tout ce qui se promène entre le fonds et la surface, du grec ancien, pelagikos (pelagikos), « de la mer ». Enfin, il y a la surface, le bateau qui flotte sur l’eau et navigue de station en station, ce qu’on voit et qu’on s’imagine quand on parle d’une mission de recherche sur un bateau.

Aujourd’hui, on voudrait réfléchir à ce mouvement descendant, partir de ce qui est évident, de ce qu’on s’imagine d’une mission scientifique en bateau, puis plonger et enfin atteindre le fond, l’inattendu, les abysses secrètes, les moments les plus anecdotiques, peut-être surprenants, mais tout aussi importants.

De la surface : ce qu’on attendait

Le matin il fait frisquet. L’air matinal pique les yeux, on a sorti les tuques mais on les enlèvera plus tard parce qu’on sera étonnés de la chaleur à bord, proche des 20°C en début d’après-midi. Les vieux de la vieille, les matelots aguerris qui ont navigué sur l’Arctique ne s’attendaient pas à une telle chaleur, ou peut-être qu’ils l’avaient oubliée ou n’y étaient plus habitués.

On vit les différents moyens de capter des données aquatiques. Tout d’abord, le ctd (pour conductivity temperature depth), la première chose à faire à une station. Ça permet de faire les mesures de base, la salinité et la température de l’eau. Puis, le niskin pour connaître la composition de l’eau. Ensuite le filet vertical pour le zooplancton. Un échec lors de la première station de Québec 1. On réfléchit à cette notion d’échec. Si on se plante trop souvent, on manque de données au laboratoire et on ne peut donc pas dire grand-chose de concluant. Dans les sciences humaines, les erreurs sont plus subtiles. Un raisonnement bancal, une mécompréhension. Cette notion d’erreur, est donc elle aussi fondamentalement différente, a d’autres implications pour la recherche. Puis, le filet oblique et enfin, les bennes shipeck pour récolter du benthos. À chaque étape, on s’est vu confier la mission de noter l’heure, la latitude et la longitude exacte de l’opération. Depuis le timonier, on communique avec le pont arrière par talkie-walkie. Le son crachote, les mots sont à peine perceptibles. On stresse un peu à l’idée de faire une bourde ou de ne pas comprendre une indication. Toutes ces opérations se répéteront à chaque station pour avoir le panel le plus large possible. Ce type d’échantillon, ça peut se faire aussi dans les arts. On se souvient d’un ami du bac qui avait compté les occurrences de certains mots dans les opéras de Mozart. En avait résulté des graphiques, des diagrammes, pis toute pis toute. On se souvient des relevés en analyse conversationnelle. Relever le nombre et le type de métaphores dans des séquences de cours de piano. Quelque part, ça s’en rapproche.

On observe du phyto- et du zooplancton à la loupe binoculaire. Ça ne nous parle pas pantoute mais pour les chercheurs spécialisés, c’est autant de péripéties que le dernier Stephen King.

Surprises pélagiques

On apprend qu’on se trouve dans une mission qui « pète tous les records de logistique ». Effectivement, avec le roulement intense, toutes les nuitées en hôtels, tous les transports, on est impressionné par toute cette organisation bien huilée.

Et par le menu fabuleux ! À midi, des burgers de poulet et une salade de brocoli. Les compliments fusent. « C’est meilleur qu’au restaurant. On reviendra souper sur le Lampsillis ! » La mine modeste du cuisinier lorsqu’on le complimente sur ses chefs-d’œuvres.

Ça brasse pas pantoute. On est comme épargnés par une cloche d’accalmie. Sur l’application météomarine, les vents sont rouges partout sauf où on se trouve. On est comme un gros gâteau protégé par une cloche de verre.

Vers 12h, des cris viennent interrompre le travail dans la salle à manger. Il faut sortir tout de suite ! On s’émerveille sur un prélèvement de benthos. Sur le pont, on s’étonne du gluant d’un poisson. On apprend des nouvelles espèces. Poulamon, anguille d’Amérique, barbu des rivières, écrevisse, baret, moule zébrée. Une saleté cette dernière. Il s’agit d’une espèce envahissante, un type d’espèce qui peut vivre dans des conditions très diversifiées et lorsqu’elles arrivent dans de nouveaux environnements, elles envahissent des milieux déjà habités parfois au détriment des espèces déjà présentes. On dresse le portrait de la population de poissons. On mesure leur taille, on les pèse. On se lance des chiffres à la volée, qu’il faut vite noter sur un tableau. Ça fuse dans tous les coins. Une fois les poissons pêchés, on les remet dans le fleuve ou on les emballe, morts dans du papier d’alu. Cette pratique étonne. On apprend qu’il ne faut pas les contaminer en les mettant dans des sacs en plastique.

On en apprend sur la nécessité de simplifier les concepts, même aux collègues des autres domaines de la biologie. Une nécessité pour transmettre, pour expliquer, pour s’approprier le savoir ensemble. On repense au sociologue allemand Hartmut Rosa qui préconise une langue simple, non pédante, une clarté dans la langue pour mieux diffuser ses idées. Fait-on ça lors d’un colloque littéraire ?

Étonnements benthiques : ce dont rarement on se doute

L’heure du micro-onde de la cuisine est décalée de 15 minutes. Dans un univers où tout semble huilé, organisé, on s’étonne de ce loose sur la mesure du temps.

La réunion d’équipe matinale autour de la table de la salle à manger. Excitation, blagues, éclats de rires. On qualifie le gruau de creton aux bleuets et à l’ananas. On rappelle un des objectifs de la mission, récolter des données littéraires. Aujourd’hui, on va essayer de prendre du temps d’écriture auprès des membres de l’équipage. Du temps volé, des micro-ateliers d’écriture, des consignes élaborées sur le tas en pensant notamment aux 4 champs de l’écriture de Georges Pérec. La mémoire, le réel, l’imagination et le ludique. On vise les moments creux, ceux où l’équipe peut arrêter les échantillons. Les sursis dans la science en alternance avec des instants de création.

On observe le moment de familiarisation des nouveaux membres de l’équipage qui ont embarqué aujourd’hui. On rit du technicien qui enfile la combinaison d’immersion rouge. On dirait un bonhomme d’une sculpture de Nikki de St-Phalle.

On note la nouveauté des pratiques. On pensait qu’en tant qu’étudiant en littérature sur un catamaran scientifique, on se retrouverait seul à ne pas y connaître grand-chose, à ne pas savoir, à découvrir. Ce n’est de loin pas le cas. Dans l’équipe eau, on n’a jamais de filtration sur un bateau, on est plutôt spécialisé en eau douce. Dans l’équipe poisson, on n’a jamais chaluté. On est excité par les nouveaux défis, on stresse, se languit parfois de ce qu’on connaît.


Des liens qui connectent

Carnet de bord | 23 septembre 2022 | par Simon Pineault

(Le matin, dans la salle à manger, juste avant la première station, Québec 1, 8h10)

Fébrile de rechausser les bottes que j’ai autrefois portées. Excité de pouvoir enfin renouer avec les flots, la navigation, avec l’eau ! Me mouiller à nouveau, sentir l’adrénaline de la prochaine station qui arrive, de tout le travail à accomplir ! Heureux de connecter avec des personnes riches, colorées, passionnées. Des humains empathiques qui me ressemblent ou pas, mais avec qui une connexion s’installe. Un lien qui durera toujours, empreint de respect, d’amitié et de joie.

Sentiments doubles : apprécier et se languir

Carnet de bord | 23 septembre 2022 | par Guillaume Canac-Marquis, équipe poissons

(11h, entre les stations Québec 1 et Québec 2, moment d’écriture dans le laboratoire sec)

En ce moment, je me sens fatigué de mon été de travail assez intense. Je suis cependant bien heureux d’être entouré de camarades sympathiques et accueillants. Il y aussi toujours un peu d’anxiété qui accompagne le début d’un nouveau projet. J’ai aussi un jeune garçon de deux ans à la maison et l’idée de toujours travailler et être en déplacement est plutôt lourde. Je vois la fin de ma saison de terrain qui approche et j’ai bien hâte d’enfin me reposer et être à la maison temps plein.

Fébrilité

Carnet de bord | 23 septembre 2022 | par Thierry Gariepy, équipe poissons

(11h, entre les stations Québec 1 et Québec 2, moment d’écriture dans le laboratoire sec)

 En ce moment je me sens fébrile. J’attends impatiemment d’arriver à la station d’échantillonnage Québec 2. Nous allons enfin pouvoir faire notre premier transect de chalut. Je n’ai jamais fait ça avant. J’ai bien hâte de voir toute la faune aquatique qui se cache dans ce grand fleuve Saint-Laurent. J’espère aussi que je n’aurai pas trop de difficultés avec l’identification des poissons. À suivre!

Moments déclics qui font ce que nous sommes

Carnet de bord | 23 septembre 2022 | par Cindy Grant

(Entre 11h30 et midi, sur le pont-arrière, assise sur une caisse renversée, une jambe croisée sur l’autre, écrivant dans un carnet de notes)

J’aime les couleurs vives, le bruit sec du verre qui casse. Ma voisine est sympathique et nous discutons de tout, de rien. Je suis étudiante en biologie, elle a un poste de biologiste. C’est tout naturellement qu’elle m’offre un emploi, cet emploi qui sera mon premier dans le domaine de la biologie et au cours duquel je rencontrerai le benthos.

Ma carrière de biologiste, spécialiste du benthos, est née en plein dans un atelier de vitrail.

***

Être sur l’eau, c’est avoir froid, être trempée, fatiguée, parfois nauséeuse. C’est aussi observer des paysages que peu ont observé, vivre l’immensité, la puissance de l’océan et ressentir une grande paix. Ma définition de la liberté.

Amour des vagabonds

Carnet de bord | 23 septembre 2022 | par Gesche Winkler

(L’après-midi, dans le laboratoire sec, 16h30-17h30)

Je me sens à la maison sur un bateau, heureuse de retrouver une équipe de feu, des moments de stress, merveille, complicités, amitiés, de nouvelles rencontres improbables et tous dans quelques minutes. Vie intense. Inspirante, qui laisse des traces gravées dans ma mémoire.

***

J’ai trouvé l’amour pour les petits vagabonds qui se font transporter en explorant des eaux et des environnements nouveaux. Leurs formes étranges – coloration pop évolution et vie au travail – m’accompagnent depuis 25 ans, sans frontières. Recherches pas toujours faciles mais toujours excitantes.

(Pour parler du zooplancton)


Compte rendu scientifique

Compte rendu scientifique | 23 septembre 2022 | par Joannie Ferland

6h45. Départ de l’hôtel pour rejoindre l’équipage. 10 scientifiques. 5 marins. Une écluse plus tard, le St-Laurent est sous la loupe.

Les vents sont cléments, le soleil est au rendez-vous et le moral au top. Chaque équipe est fébrile à tester son équipement et la séquence de traitements des échantillons à venir.

Ajustement entre déploiement à tribord ou babord. La sagesse ou l’expérience de nos mains orchestrent la chorégraphie du pont.

Première station exécutée avec minutie pour choisir les bons mouvements, le bon angle du navire qui tente de garder le cap dans des forts courants de marées de 5kt. Séquence réussie avec le constat qu’il faut repositionner le navire à chaque opération ce qui ralentit un peu le rythme.

Deuxième station s’ajoute le chalut yankee, le bel engin de pêche au µ (poisson) à fond qui, avec l’agilité et la confiance de notre marin pêcheur Yvon ramène de beaux spécimens. En un instant, tout l’équipage se ramasse sur le pont pour observer la diversité récoltée dans le vivier.

À peine lancée, la mission s’est bien « rodée » en deux stations et confirme que les temps prévus pour les opérations dans la planification sont cohérents. C’est le temps de refaire le plein d’énergie avec les repas délicieux du chef avant d’opérer la 3e et 4e station.

On chalute un tronc au site d’ancrage Charlie qui ajoute son lot de défis et qui clôture la journée.

4/6 stations de complétées mais surtout un équipage satisfait et de la bonne météo pour demain.

Chaque jour de cette mission automnale est un défi de navigation, dû aux vagues et au vent plus présents et forts qui s’ajoute à l’aventure.

Le trafic qui circule sur nos sites d’échantillonnages, la distance à parcourir, les forts courants qui rend difficile la position stationnaire.

Notre équipage d’expérience fait déjà de petits miracles.


Captatio

Blogue | 24 septembre 2022 | par Damiano Tavazzi

Selon Simone Weil, l’humain est être de fiction. Ce n’est de loin pas la seule à le dire. Constamment, on se raconte des histoires sur toutes sortes de choses, des lieux, des événements, des livres, de la musique, ce qu’on vit, ce qu’on ressent, ce qu’on pense.  Aujourd’hui, je voudrais donc livrer des histoires, des moments captés pendant la journée, au vol. Ces moments surgissent souvent pendant les pauses, les moments d’accalmies où on quitte le labo, ses tâches professionnelles. Durant ces moments-là, on entend ben des affaires.

Discussion animée autour de la table à manger juste après le déjeuner

« Tsé Rammstein, dans un domaine totalement différent, ben, il est… capable de ratisser large !
— Oh oui ! Il a des tunes qui sont très fortes, avec des lignes de vocales très accrocheuses, des mélodies…
— Absolument ! C’est pas du black metal où là c’est complètement la folie… »

Input littéraire de la pause matinale

« Ce livre sur la Gaspésie, La mariée de corail, ma belle sœur, ben elle, elle a pas aimé ça pantoute parce qu’il y a des sacres ! Pis elle, sitôt qu’y a des sacres dans un livre, elle est pas capable. Elle a pas aimé ça. Pis tsé ! C’est des pêcheurs… Pis elle disait ! Ils traitent un peu les pêcheurs comme des mononcles… Mais je sais que ça a gagné beaucoup de prix ! Ça a l’air que ça gagné beaucoup de prix ! »

Découvertes inattendues

« Mais c’est des vraies superstitions, ils y croient ! Tantôt, le chef l’expliquait que, à matin, dans notre granola, ou notre gruau, je sais pas comment on appelle ça, y avait de la banane et il a dit qu’il en restait et quand Baptiste il l’a su… c’est une superstition, ils veulent pas de bananes à bord parce qu’à chaque fois qu’y a des bananes à bord, il se passe quelque chose…
— Va comprendre ! C’est comme ça !
— Ben en fait, y avait une raison !
— Et c’était quoi la raison ? Ben… les bateaux qui transportaient les bananes y a très très longtemps…
— On parle du temps où les régimes de bananes étaient transportés en bateau de métal…
— Ça faisait probablement du méthane, du gaz, pis ça tuait les matelots…
— Ah ouin ? Pis, c’est quoi les superstitions en France ?
— C’est des mots qu’on a pas le droit de prononcer.
— Comme ? »

La réponse est à peine audible, susurrée.

« Lapin.
— Hein ?
— Ici je sais pas mais en France, c’est interdit, faut pas dire ça !
— Moi je m’étais mis à appeler notre boss ‘Hé mon lapin !’ et cette superstition, je sais pas pourquoi parce qu’ils ont pas voulu en parler.
— Ben voyons, c’est plate !
— C’est drôle les marins. Ils aiment pas ça en parler, c’est ça les superstitions, ils aiment pas en parler…
— Donc tu ne sais pas, tu ne sais rien en fait !
— Ben… probablement que si on était en train de prendre une bière à terre là, en dehors de la mission, là, j’aurais su le fond de l’histoire…
— Ouais avec une bière c’est plus facile.
— Pis en Allemagne ? Tu sais-tu ce que c’est la superstition ?
— Non, c’est quoi ?
— Siffler.
— Siffler ?
— Ben ouais. Ça fait rentrer le vent.
— Le vent, ça fait avoir des tempêtes… »

Lancé à la volée alors que j’écrivais le texte du jour

« Si ça te tente de voir là du zooplancton qui danse, ben on en a mis dans le binoculaire. »

De l’ail

« Alors Marc ? Qu’est-ce que tu nous proposes ?
— Alors ça c’est un confit d’ail … »

La tablée morte de rire. L’ail comme thème récurrent des conversations de la mission.

« Tu vas arriver, t’auras de l’ail dans tes rêves ! »

Rire et suite des explicitations.

« Un confit au miel et safran. C’est un ail qu’a été confit, donc qu’a cuit très longtemps dans l’huile, je sais pas qui en veut là ?
— Vas-y ! Moi j’ai envie de goûter !
— Tout le monde ? J’en fais-tu pour tout le monde ? »

Tout le monde acquiesce. Commence une petite cérémonie de dégustation de croutons tartiné de différentes pâtes à l’ail.

« Oooh ! C’est bon cte affaire là !
— C’est bon hein ?
— On s’habitue au goût hein ? »

Éclat de rire général.

« Faut s’habituer au goût ! C’est quasiment un compliment là !
— Faut savoir lire entre les lignes ! »

Marc qui continue sur sa lancée…

« Et tu peux manger ça sur de la viande blanche, du porc, du poulet, ou même des pommes de terre ou des fruits de mer, ça peut être très bon aussi… »

La dégustation se poursuivra avec une tartinade à l’ail aux herbes de Provence et enfin, une tartinade à l’ail noir en apothéose.

Et un personnage croqué en matinée, lors d’un moment de calme volé à l’effervescence.

Le vieil homme et la mer

Une combinaison intégrale orange, aux rayures jaunes et blanches, un col bleu marine. La monture des lunettes bleu et orange, complémentarité des couleurs entre onde et crépuscule. Une casquette noire, une barbe de neige et une peau tannée par le soleil et l’air du fleuve.

Il ramande un filet sur le pont arrière, ce filet qui, hier, a buté sur un tronc d’arbre et qu’il faut réparer pour les prochains échantillonnages. Sa main adroite passe le fil dans les mailles, il sait ce qu’il a à faire.

Des deux côtés du bateau défilent les rives du St-Laurent, de longues bandes de forêts tâchées des premières couleurs mordorées de l’automne.

Il regarde à droite, à gauche, un regard furtif, affuté, concentré mais prêt à toutes les éventualités.

Assis à même le sol, tel un enfant qui jouerait aux kaplas, le même abandon dans le regard. Autour de lui se dressent des caisses bleues, noires, vertes, des bidons épars, des seaux orange, un filet vert anémone, des gilets de sauvetage, des treuils, des poulies, des bouées orange.

Au loin, la ville de Québec s’efface, le bateau quitte la métropole. Même s’il n’est pas loin des rives, de la civilisation, l’équipage est ailleurs, loin des terres connues, prêt à toutes les découvertes.


Nécessité absolue du chalut

Carnet de bord | 24 septembre 2022 | auteur anonyme

(Dans la salle à manger, après le déjeuner, vers 8h du matin)

Filet à maille de différentes tailles, vertes, avec une poche intérieure à la tête du filet, faite de plus petites mailles.

Petite pensée en lien avec le fait que cet objet est essentiel à mon travail. Même si tout le reste fonctionne, sans le filet, il m’est impossible d’accomplir mon rôle. Dans mon cas, il est la vedette de cette mission. Pas de filet, pas de poissons. Pas de poissons, pas de données Etc.

Le filet est l’élément clé de « ma » mission.

Apaisement moment présent

Carnet de bord | 24 septembre 2022 | par Lisa Treau De Coeli, en son nom personnel

(Dans la salle à manger, 8h-8h30)

En cette belle journée ensoleillée, je regarde par la fenêtre du Lampsilis située dans la cafétéria, la troisième à partir de la gauche. Cette fenêtre a été manifestement éclaboussée par la pluie ou par les vagues. J’aime bien penser que cette fenêtre a été témoin d’une petite tempête me rappelant que cette vitre est le seul élément qui me protège de cette dernière. Cette fenêtre entourée par un cadre en bois et vissée peut nous permettre de regarder plus facilement le paysage environnant. Parfois, ce beau paysage peut être caché par sa toile rétractable. Je préfère de loin la fenêtre sans cette toile, car cette dernière me permet d’admirer le ciel, l’eau, la terre, les bateaux. Cela me permet de prendre conscience de ma liberté et de l’espace dans lequel je suis. Ce sentiment du moment présent m’apaise au plus haut point.

Premiers pas

Carnet de bord | 24 septembre 2022 | par Marc Mingelbier, en son nom personnel

Je me souviens de Monsieur Parmentier, mon professeur de biologie en 5e secondaire. Sa passion, l’enthousiasme qu’il mettait à décrire les mécanismes de la vie. Il nous parlait de la cellule vivante comme d’une planète très bien organisée, équilibrée dans ses échanges de matières, dans ses transformations d’énergie, parcimonieuse et recyclante. Il nous expliquait les processus vitaux, la mécanique vivante, le besoin de fournir de l’énergie dans les phases de constructions métaboliques et aussi l’énergie libérée dans la digestion de la matière qui se dégrade. La vie est organisée en cycles à différentes échelles, de l’atome aux molécules, de la cellule aux organismes vivants, de la planète à l’univers.

Le lieu n’était pas très stimulant, plutôt terne. Et pourtant je trouvais ses propos passionnants! Il était transporté dans une forme de transe, devenait lumineux et nous racontait la biologie. Ces séances d’apprentissage m’ont clairement marquée et ont éveillé en moi un intérêt vif à poursuivre ma voie dans cette direction : la biologie, l’étude de la Vie!

Plus loin encore, je me souviens du Commandant Cousteau, découvreur des fonds marins et grand communicateur. Cet ingénieur-aventurier a mis au point le scaphandre autonome pour nous rapporter des images inédites des océans. Il a repoussé les limites de nos connaissances. Il est bien sûr une grande source d’inspiration pour moi! Ses images m’ont piqué profondément. Plus tard, j’ai moi-même enfilé un masque, des palmes et prolongé mes plongées avec une bouteille d’air comprimé. Nous sommes en Corse, l’eau est limpide, et je découvre avec fascination tous ces organismes aux formes extraordinaires et variées que j’avais étudié dans des livres. Les organismes figés dans des gravures se sont animés, la bibliothèque était devenue vivante! Quelle expérience magique cette mise en pratique, ce passage de l’imagination dans mon cerveau à la stimulation de mes sens : je voyais la vie, la touchais, la sentais, la goutais même! Une expérience plus complète que je pouvais mémoriser dans mon corps tout entier!

Laboratoire humide

Carnet de bord | 24 septembre 2022 | auteur anonyme

Le laboratoire humide est l’endroit où les échantillons récoltés sont traités totalement ou partiellement selon les besoins des scientifiques.

Même si le lieu est tout de même spacieux, il peut facilement devenir exigu lorsque tous les utilisateurs sont là.

Chaque chose a sa place et l’espace est utilisé au maximum. Chaque petit « recoin » a son utilité et sa fonction.

Au centre de la pièce, la « zone » poisson avec sa table sur laquelle sont posées les règles à mesurer, les petites balances et les couteaux. Tout au bout, deux potences sur lesquelles sont suspendues deux balances et des chaudières pour peser les plus gros poissons. Par terre, un bac à poisson dans lequel les poissons « reposent » en attendant d’être traités (poids, longueur, …).

Sur la droite, l’espace « zooplancton » avec ses pompes sous-vide et ses Erlenmeyers. Milieu stérile où tout le monde travaille avec des gants de nitrile pour éviter toute contamination.

Le long du mur, entre la zone poisson et l’espace zooplancton, une multisonde alimentée en continu par l’eau du fleuve et qui mesure plusieurs paramètres physico-chimiques qui seront complémentaires pour l’analyse de nos résultats.

À l’opposé de la pièce, la hotte pour manipuler les échantillons qui seront conservés dans des produits chimiques.

Dans le coin, juste à côté de la hotte et près de la zone poisson, le « congélo » pour entreposer nos précieux échantillons!

Mon « feeling » en rapport avec ces lieux

C’est un lieu d’échange et de partage de connaissances. On est toujours en mode « apprentissage » tellement les expertises sont diversifiées. Je suis toujours impressionnée du « bouillon de savoir » qui se trouve dans un si petit espace et de voir que malgré chacun de nos projets individuels il y a une interrelation et complémentarité entre chacun.

Lorsque les échantillons entrent dans le laboratoire, on se croirait au centre d’une ruche entouré d’abeilles qui « bourdonnent » de partout. Lorsque terminé, on entendrait seulement les criquets tellement c’est le silence…

Privilège

Carnet de bord | 24 septembre 2022 | par Joannie Ferland, en son nom personnel

(Écrit dans la timonerie, dans l’après-midi)

Comment je me sens?
Je me sens libre sur l’eau, au vent, susceptible face aux éléments, à la nature.
Je me sens entourée de gens souriants, compétents, vaillants et ça me procure un bien-être.
Je me sens focus sur l’îlot de métal qu’est notre navire et petite sur cette mer d’eau douce.
Je me sens privilégiée de pouvoir rencontrer des gens riches de vie qui ouvrent leur âme.
Je me sens divertie par la créativité de l’équipage à coudre, cuisiner, raconter, opérer avec confiance leurs instruments incluant leur imagination.
Je me sens ravie d’avoir une vie si riche d’aventure et d’amitié professionnelle.

Le filet

Carnet de bord | 24 septembre 2022 | par Joannie Ferland, en son nom personnel

Les mailles me font penser aux tricots de ma grand-mère à la fois beaux et utiles. Le filet enroulé est une œuvre d’art qui ravit mes yeux et me procure du plaisir à saisir dans le décor. La structure et la taille du filet me font penser à un gros déchet perdu et à un outil précieux, réfléchi au fil du temps pour la capture. Il me procure satisfaction à remonter des poissons qui émerveillent petits et grands.

Les liens. Le St-Laurent une musique, un récit, une œuvre. Un fleuve, un estuaire, une mer

Carnet de bord | 24 septembre 2022 | par Simon Pineault, en son nom personnel

Les liens qui nous unissent, que l’on tisse sont ceux qui nous mèneront à bon port. Commandant, matelot, cuisinier en passant par l’étudiant, chercheur, professionnel tous jouent un rôle essentiel. Non rempli, il mettra en péril le travail, la santé, le moral ou la sécurité des acolytes, des amis, des comparses, collègues. Chacun est un maillon d’une chaine accrochée à la manille du savoir. Forer ce gisement pour qu’il nous abreuve de ses secrets, de ses mystères, de ses trésors. Là est la raison d’être de la mission.

Au même titre que les êtres, les âmes, qui naviguent sur un pont d’acier, chaque connaissance acquise sur le système du St-Laurent fera naitre une nouvelle toile, une histoire (un récit), une chanson qui racontera l’eau, le sédiment, les végétaux ainsi que les animaux petits et grands. Elles seront œuvre, recueil ou symphonie car les couleurs, les mots ou les notes, une fois mis en harmonie dessineront une trame unique. Un continuum de savoir. Pour que l’enfant, de son regard, de ses oreilles et de son imagination puisse voir, entendre et s’émerveiller devant cette immensité qui ne fait qu’un avec les lacs, les rivières, l’océan, la terre et tous ces gens, ces peuples, ces identités qui y vivent et qui y sont liés.


Titre

Type de récit | Date | par

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